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jim harrison, boxeur

distingués de son temps et comment Gully conquit un siège dans le premier Parlement réformé.

C’étaient ces hommes-là qui déterminaient l’idéal. Leur profession se recommandait d’elle-même par les conditions qu’elle exigeait, le succès y étant interdit à quiconque était ivrogne ou menait une vie de débauche.

Il y avait, parmi les lutteurs d’alors, des exceptions sans doute, des bravaches tels que Hickmann, des brutes comme Berks, mais je répète qu’en majorité, ils étaient d’honnêtes gens, portant la bravoure et l’endurance à un degré incroyable et faisant honneur au pays qui les avait enfantés.

Ainsi que vous le verrez, la destinée me permit de les fréquenter quelque peu et je parle d’eux en connaissance de cause.

Je puis vous assurer que nous étions fiers de posséder dans notre village un homme tel que le champion Harrison, et quand des voyageurs faisaient un séjour à l’auberge, ils ne manquaient pas d’aller faire un tour à la forge, rien que pour jouir de sa vue.

Il valait bien la peine d’être regardé, surtout par un soir de mai, alors que la rouge lueur de la forge tombait sur ses gros muscles et sur la fière figure de faucon qu’avait le petit Jim, pendant qu’ils travaillaient, à tour de bras, un coutre de charrue tout rutilant et se dessinaient à chaque coup dans un cadre d’étincelles.

Il frappait un seul coup avec un gros marteau de trente livres lancé à toute volée, pendant que Jim en frappait deux de son marteau à main.

La sonorité du Clunk ! clink-clink ! clunk ! clink-clink ! était un appel qui me faisait accourir par la rue du village, et je me disais que tous les deux étant affairés à l’enclume, il y avait pour moi une place au soufflet.

Je me souviens qu’une fois seulement, au cours de