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jim harrison, boxeur

mode de suivre le cours de Mendoza tout comme quelques années plus tard, il n’y avait pas un homme de la ville qui n’eût porté le masque d’escrime avec Jackson.

Avec ce souvenir de leurs exploits, ils ne reculaient jamais devant la chance d’une aventure de grande route et il arrivait bien rarement que le batelier ou le marin eussent lieu de se vanter après qu’un jeune beau ait mis habit bas pour boxer avec lui.

Celui-là s’élança du siège avec l’empressement d’un homme qui n’a pas de doutes sur l’issue de la querelle et, après avoir accroché sa houppelande à collet à la barre de dessus, il retourna coquettement les manchettes plissées de sa chemise de batiste.

— Je vais vous payer votre conseil, mon homme, dit-il.

Les amis, qui étaient sur la voiture, savaient, j’en suis certain, qui était ce gros forgeron et se faisaient un plaisir de premier ordre de voir leur camarade donner tête baissée dans le piège.

Ils poussaient des hurlements de satisfaction et lui jetaient à grands cris des phrases, des conseils.

— Secouez-lui un peu sa suie, Lord Frédérick, criaient-ils. Servez-lui son déjeuner à ce Jeannot-tout-cru. Roulez-le dans son tas de cendre. Et dépêchez-vous, sans quoi vous allez voir son dos.

Encouragé par ces clameurs, le jeune patricien s’avança vers son homme.

Le forgeron ne bougea pas, mais ses lèvres se contractèrent avec une expression farouche pendant que ses gros sourcils s’abaissaient sur ses yeux perçants et gris.

Il avait lâché les tenailles et les bras libres étaient ballants.

— Faites attention, mon maître, dit-il. Sans cela vous allez vous faire poivrer.