Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mon imagination planait sur les eaux, à la recherche de mon père, quand un mot de Jim la ramena sur l’herbe, comme une mouette qui a l’aile brisée.

— Roddy, dit-il, vous avez entendu dire que la Falaise royale est hantée !

Si je l’avais entendu dire ? Mais oui, naturellement. Y avait-il dans tout le pays des Dunes un seul homme qui n’eût pas entendu parler du promeneur de la Falaise royale ?

— Est-ce que vous en connaissez l’histoire, Roddy ?

— Mais certainement, dis-je, non sans fierté. Je dois bien la savoir puisque le père de ma mère, sir Charles Tregellis, était l’ami intime de Lord Avon et qu’il assistait à cette partie de cartes, quand la chose arriva. J’ai entendu le curé et ma mère en causer la semaine dernière et tous les détails me sont présents à l’esprit comme si j’avais été là quand le meurtre fut commis.

— C’est une histoire étrange, dit Jim, d’un air pensif. Mais quand j’ai interrogé ma tante à ce sujet, elle n’a pas voulu me répondre. Quant à mon oncle, il m’a coupé la parole dès les premiers mots.

— Il y a une bonne raison à cela. À ce que j’ai appris, Lord Avon était le meilleur ami de votre oncle, et il est bien naturel qu’il ne tienne pas à parler de son malheur.

— Racontez-moi l’histoire, Roddy.

— C’est bien vieux à présent. L’histoire date de quatorze ans et pourtant on n’en a pas su le dernier mot. Il y avait quatre de ces gens-là qui étaient venus de Londres passer quelques jours dans la vieille maison de Lord Avon. De ce nombre, était son jeune frère, le capitaine Barrington ; il y avait aussi son cousin Sir Lothian Hume ; Sir Charles Tregellis, mon oncle, était le troisième et Lord Avon le quatrième. Ils aiment