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jim harrison, boxeur

L’équipage fila devant nous en soulevant un nuage de poussière et je ne pus apercevoir qu’au vol la belle et pâle figure du maître, ainsi que les traits bruns et recroquevillés du domestique.

Je n’aurais pas pensé à eux une minute de plus, si au moment où nous revînmes dans le village, nous n’avions pas aperçu de nouveau la voiture. Elle était arrêtée devant l’auberge et les palefreniers s’occupaient à dételer les chevaux.

— Jim, m’écriai-je, je crois que c’est mon oncle.

Et je m’élançai, de toute la vitesse de mes jambes, dans la direction de la maison.

Le domestique à figure brune était debout devant la porte. Il tenait un coussin sur lequel était étendu un petit chien de manchon à la fourrure soyeuse.

— Vous m’excuserez, mon jeune homme, dit-il de sa voix la plus douce, la plus engageante, mais me trompé-je en supposant que c’est ici l’habitation du lieutenant Stone. En ce cas, vous m’obligerez beaucoup en voulant bien transmettre à Mistress Stone ce billet que son frère, sir Charles Tregellis, vient de confier à mes soins.

Je fus complètement abasourdi par les fioritures du langage de cet homme ; cela ressemblait si peu à tout ce que j’avais entendu !

Il avait la figure ratatinée, de petits yeux noirs très fureteurs, dont il se servit en un instant, pour prendre mesure, de moi, de la maison et de ma mère dont la figure étonnée se voyait à la fenêtre.

Mes parents étaient réunis au salon ; ma mère nous lut le billet qui était ainsi conçu :

« Ma chère Mary,

« J’ai fait halte à l’auberge, parce que je suis quelque