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jim harrison, boxeur

peu ravagé par la poussière de vos routes du Sussex.

« Un bain à la lavande me remettra sans doute dans un état convenable pour présenter mes compliments à une dame.

« En attendant, je vous envoie Fidelio en otage.

« Je vous prie de lui donner une demi-pinte de lait un peu chaud, où vous aurez mis six gouttes de bon brandy.

« Jamais il n’exista une créature plus aimante ou plus fidèle.

« Toujours à toi.

« Charles. »

— Qu’il entre, qu’il entre ! s’écria mon père avec un empressement cordial et en courant à la porte. Entrez donc, M. Fidelio. Chacun a son goût. Six gouttes à la demi-pinte, ça me fait l’effet d’humecter coupablement un grog. Mais puisque vous l’aimez ainsi, vous l’aurez ainsi.

Un sourire se dessina sur la figure brune du domestique, mais ses traits reprirent aussitôt le masque impassible du serviteur attentif et respectueux.

— Monsieur, vous commettez une légère méprise, si vous me permettez de m’exprimer ainsi. Je me nomme Ambroise et j’ai l’honneur d’être le domestique de Sir Charles Tregellis. Pour Fidelio, il est là sur ce coussin.

— Ah ! c’est le chien, s’écria mon père écœuré. Posez moi ça par terre à côté du feu. Pourquoi lui faut-il du brandy quand tant de chrétiens doivent s’en priver ?

— Chut ! Anson, dit ma mère, en prenant le coussin. Vous direz à Sir Charles qu’on se conformera à ses désirs et que nous sommes prêts à le recevoir dès qu’il jugera à propos de venir.

L’homme s’éloigna d’un pas silencieux et rapide,