Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
jim harrison, boxeur

lui suggérait aussitôt et il n’était pas aisé de voir lequel des deux s’entendait le mieux à l’affaire.

— Non, je ne lis pas, ou je lis très peu, dit-il quand mon père eut exprimé son étonnement de le voir si bien au fait. La vérité est que je ne saurais prendre un imprimé sans y trouver une allusion à moi : « Sir Ch. T. fait ceci » ou « Sir Ch. T. dit cela ». Aussi, ai-je cessé de m’en occuper. Mais, quand on est dans ma situation, les connaissances vous viennent d’elles-mêmes. Dans la matinée, c’est le duc d’York qui me parle de l’armée. Dans l’après-midi, c’est Lord Spencer qui cause avec moi de la marine, ou bien Dundas me dit tout bas ce qui se passe dans le cabinet, en sorte que je n’ai guère besoin du Times ou du Morning-Chronicle.

Cela l’entraîna à parler du grand monde de Londres, à donner à mon père des détails sur les hommes qui étaient ses chefs à l’Amirauté, à ma mère, des détails sur les belles de la ville, sur les grandes dames de chez Almack.

Il s’exprimait toujours dans le même langage fantaisiste, si bien qu’on ne savait s’il fallait rire ou le prendre au sérieux. Je crois qu’il était flatté de l’impression qu’il nous produisait en nous tenant suspendus à ses lèvres.

Il avait sur certains une opinion favorable, défavorable sur d’autres, mais il ne se cachait nullement de dire que le personnage le plus élevé dans son estime, celui qui devait servir de mesure pour tous, n’était autre que sir Charles Tregellis en personne.

— Quant au roi, dit-il, je suis l’ami de la famille, cela s’entend, et même avec vous, je ne saurais parler en toute franchise, étant avec lui sur le pied d’une intimité confidentielle.