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jim harrison, boxeur

Il ne voulut entendre aucune raison et s’élança comme un fou hors de la chambre. Mais peut-être ces détails vous sont-ils connus et Dieu sait comme ils me sont pénibles à rappeler.

Mon père restait immobile, les yeux fixes, oubliant la pipe fumante qu’il tenait à la main.

— Je vous en prie, Monsieur, dit-il, apprenez-nous le reste.

— Eh bien ! soit. J’avais achevé ma toilette en une heure, à peu près, car en ce temps-là, j’étais moins exigeant qu’aujourd’hui et je me retrouvais avec sir Lothian Hume au déjeuner. Il avait été témoin de la même scène que moi. Il avait hâte de voir le capitaine Barrington et de s’enquérir pourquoi il avait chargé son frère de nous restituer l’argent. Nous discutions de l’affaire, quand tout à coup, je levai les yeux au plafond et je vis, je vis…

Mon oncle était devenu très pâle tant ce souvenir était distinct.

Il passa la main sur ses yeux.

— Le plafond était d’un rouge cramoisi, dit-il en frissonnant, et çà et là des fentes noires et de chacune de ces fentes,… Mais voilà qui vous donnerait des rêves, Mary. Je me bornerai à dire que je m’élançai dans l’escalier qui conduisait directement à la chambre du capitaine. Nous l’y trouvâmes gisant, la gorge coupée si largement qu’on voyait la blancheur de l’os. Un couteau de chasse se trouvait dans la chambre. Il appartenait à Lord Avon. On trouva dans les doigts crispés du mort une manchette brodée. Elle appartenait à Lord Avon. On trouva dans le foyer quelques papiers charbonnés. Ces papiers appartenaient à Lord Avon. Ô mon pauvre ami, à quel degré de folie avez-vous dû arriver pour commettre une pareille action ?