Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/236

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noires se baissant, tirant, écouvillonnant, chargeant, — actives comme des diables, et toutes à leur œuvre diabolique.

Mais à travers ce tapage et ce bourdonnement montait, de plus en plus fort, le bruit de milliers de pieds en marche, mêlé à de grandes clameurs.

Puis on entrevit, à travers le brouillard, une vague mais large ligne noire, qui prît une teinte plus foncée, un dessin plus net, si bien qu’enfin, nous vîmes que c’était une colonne, sur cent hommes de front, qui se dirigeaient rapidement sur nous, coiffés de hauts bonnets à poil, avec un éclat de plaques de cuivre au-dessus du front.

Et derrière ces cent hommes, il y en avait cent autres, et ainsi de suite, cela se déroulait, se tordait, sortait de la fumée des canons.

On eût dit un serpent monstrueux, et cette immense colonne paraissait interminable.

En avant venaient, çà et là, des tirailleurs, derrière ceux-ci, les tambours, tout cela s’avançait d’un pas élastique, les officiers formant des groupes serrés sur les flancs, l’épée à la main et criant des encouragements.