Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/60

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cassée, tandis que sur l’autre, on se hâtait d’embarquer l’équipage avant qu’il ne coulât à pic.

Pendant toute cette heure, toute ma vie avait été concentrée dans la bataille.

Le vent avait emporté ma casquette, mais je n’y avais pas pris garde.

Alors, le cœur débordant, je me tournai vers ma cousine Edie, et rien qu’en la voyant je me retrouvai en arrière de six ans.

Son regard avait repris sa fixité, ses lèvres étaient entrouvertes, comme quand elle était toute petite, et ses mains menues étaient jointes si fort que la peau luisait aux poignets comme de l’ivoire.

— Ah ! ce capitaine ! dit-elle, en parlant à la bruyère et aux buissons de genêts, quel homme fort, quelle résolution ! Quelle est la femme qui ne serait pas fière d’un tel mari ?

— Ah ! oui, il s’est bien conduit ! m’écriai-je avec enthousiasme.

Elle me regarda. On eût dit qu’elle avait oublié mon existence.

— Je donnerais un an de ma vie pour rencontrer un pareil homme, dit-elle, mais voilà