Page:Doyle - La Main brune.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


vêtu comme un planteur, il machonnait un gros cigare. (p.81.)



LE CHAT DU BRÉSIL


C’est une malchance pour un jeune homme que d’avoir des goûts dispendieux, de grandes prétentions, des relations aristocratiques, peu d’argent sonnant dans les poches, et nulle profession pour en gagner. À son optimiste de sanguin, mon excellent homme de père faisait tellement fond sur la fortune et les dispositions favorables de son frère aîné, lord Southerton, resté célibataire, qu’il ne concevait pas pour moi, son fils unique, la possibilité d’avoir jamais à vivre de mes moyens propres. Lors même, pensait-il, que les vastes domaines de Southerton ne me reviendraient jamais, on saurait toujours me trouver dans le service diplomatique quelqu’un de ces postes qui demeurent chez nous la suprême ressource des classes privilégiées. Il mourut trop tôt pour connaître son erreur. Ni mon oncle ni l’État ne s’inquiétèrent de moi et de mon avenir. Une couple de faisans ou une bourriche de lièvres qui m’arrivaient de loin en loin, c’était tout juste de quoi me rappeler ma qualité d’héritier d’Otwell House et de l’un des plus riches fiefs du pays. Cependant, je touchais à l’âge d’homme ; je vivais en garçon à Londres, dans un spacieux appartement de Grosvenor Mansions ; en fait d’occupations, je me partageais entre le tir aux pigeons et le polo à Hurlingham ; et je sentais grandir un peu plus tous les mois la difficulté d’obtenir des courtiers le renouvellement