Page:Doyle - La Marque des quatre.djvu/173

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nous gagnions du terrain. Dans le silence de la nuit on entendait distinctement ronfler et craquer la machine de l’Aurora. L’homme de l’arrière se tenait toujours penché et semblait faire quelque chose avec ses mains, tandis que de minute en minute il levait les yeux pour mesurer du regard la distance qui les séparait encore de nous. Nous nous rapprochions de plus en plus. Jones héla les fugitifs et les somma de stopper. Les deux bateaux volaient à une allure vertigineuse, et il n’y avait guère plus de quatre longueurs entre eux. Maintenant la rivière s’étendait libre devant nous ; nous étions entre la levée de Borking d’un côté et les tristes marais de Plumstead de l’autre. À l’injonction de Jones, l’homme de l’arrière se redressa et, nous menaçant de ses deux poings crispés, nous envoya de sa grosse voix enrouée une bordée de malédictions. Il paraissait grand et vigoureux et tandis qu’il se tenait ainsi debout, les jambes écartées, je pus voir qu’à droite il n’avait qu’une jambe de bois. Aux exclamations furieuses qu’il poussait, le paquet qui gisait sur le pont s’agita et j’aperçus alors la silhouette d’un petit homme noir, le plus petit que j’aie jamais vu, avec une grosse tête difforme surmontée d’une épaisse chevelure en broussaille. Holmes