— Cela se vérifie pour vous, monsieur Mac Murdo. Pourquoi avez-vous quitté Chicago ?
— Que je sois pendu si je vous le raconte ! »
Mac Ginty ouvrit de grands yeux. On ne lui tenait pas souvent un pareil langage. Cette nouveauté l’amusait.
« Pourquoi ne me le raconteriez-vous pas ?
— Parce qu’on ne doit pas mentir à un frère.
— La vérité vous semble mauvaise à dire ?
— Prenez-le comme il vous plaira.
— Vous n’attendez pourtant pas, cher monsieur, qu’en ma qualité de Maître je reçoive dans la loge un homme qui ne peut répondre quand on l’interroge sur son passé ? »
Mac Murdo parut hésiter. Puis, tirant de la poche intérieure de son veston une coupure de journal très défraîchie :
« Vous n’allez pas, dit-il, gueuler contre un camarade ?
— Je vous plaque ma main sur la figure si vous me parlez de la sorte ! s’écria Mac Ginty avec violence.
— Vous avez raison, conseiller, dit humblement le jeune homme. Excusez-moi, je parlais à la légère. Je sais qu’entre vos mains je ne cours pas de risque. Lisez ce papier. »
Mac Ginty lut : c’était le récit du meurtre d’un certain Jonas Pinto, tué d’un coup de feu en plein Café du Lac, rue du Marché, à Chicago, dans la première semaine de 1874.