Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/180

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les remplacent. Et cela devient dangereux pour nous. Les petits industriels, eux, n’étaient pas à craindre. Ils n’avaient ni l’argent ni la puissance. Tant que nous ne les pressurions pas trop fort, ils nous demeuraient soumis. Mais que ces grandes Compagnies nous voient s’interposer entre elles et leurs bénéfices, il n’y aura pas de frais qu’elles s’épargnent ni de mal qu’elles ne se donnent pour nous traquer et nous emmener devant les tribunaux. »

Un silence suivit ce discours de mauvais augure. Tous les fronts s’étaient rembrunis : de sombres regards s’échangèrent. Une omnipotence incontestée avait banni de la pensée de ces hommes toute appréhension d’un juste retour des choses ; maintenant que l’idée s’en présentait à eux, elle glaçait jusqu’aux plus indifférents.

« Mon avis, continua l’orateur, c’est que nous devrions moins peser sur la petite industrie. Le jour où nous l’aurons supprimée, nous nous serons anéantis nous-mêmes. »

Une vérité fâcheuse n’a jamais l’opinion pour elle. Des cris de fureur saluèrent cette protestation. Mac Ginty prit la parole :

« Frère Morris, dit-il, vous avez toujours eu le goût des jérémiades. Tant que les membres de la loge font bloc, il n’y a pas, aux États-Unis, un pouvoir capable de les ébranler. Est-ce que nous n’avons pas déjà affronté les tribunaux ? J’espère que les grandes Compagnies, à l’exemple des petites, trouveront