Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/191

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parlant avec une hésitation qui montrait combien il se sentait sur un terrain difficile. C’est aimable à vous d’être venu.

— Pourquoi n’avoir pas signé votre lettre ?

— On doit se garder, monsieur. Par le temps qui court, on ne sait jamais comment les choses s’ébruitent, ni à qui l’on peut ou non se fier.

— Pourtant, on peut se fier aux frères de la loge ?

— Non, non, pas toujours ! répondit Morris. On ne dit rien, on ne pense rien, sans que tout en revienne à Mac Ginty.

— Voyons, dit Mac Murdo, sévèrement, vous savez que, pas plus tard que la nuit dernière, j’ai juré fidélité à notre Maître. Voudriez-vous me faire manquer à mon serment ?

— Si vous le prenez ainsi, répliqua Morris avec tristesse, je regrette que vous vous soyez donné la peine de venir. Tout va mal quand deux citoyens libres ne peuvent plus échanger leurs idées. »

Mac Murdo, ayant regardé attentivement son interlocuteur, se départit un peu de son attitude.

« Je parlais pour moi, fit-il. Je suis ici un nouveau venu, étranger à ce qui s’y passe. Ce n’est pas à moi d’ouvrir la bouche, monsieur Morris ; mais si vous croyez avoir quelque chose à me dire, je vous écoute.

— Pour aller le rapporter au patron !

— En vérité, s’écria Mac Murdo, vous me