Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/206

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point trompée, car il fit un tel sursaut qu’elle frémit d’épouvante ; et, se retournant dans un bond de tigre, il lui chercha la gorge avec la main droite, pendant que de la gauche il froissait le papier posé devant lui. Puis, un moment, il la regarda avec des yeux enflammés.

Et alors, l’étonnement, la joie dissipèrent l’expression de férocité qui lui convulsait le visage, et qui avait fait reculer la jeune fille comme devant la brusque révélation d’une horreur inconnue.

« Vous ! s’écria-t-il, en épongeant son front moite. Penser que vous venez à moi, cœur de mon cœur, et que je ne trouve rien de mieux à faire que de chercher à vous étrangler ! »

Il ajouta, l’appelant de ses deux bras :

« Ah ! que je vous serre contre moi… que je vous explique… »

Mais elle demeurait bouleversée d’avoir vu, le temps d’un éclair, sur le visage de Mac Murdo, une peur étrange, suspecte. Son instinct de femme le lui disait : ce n’était pas le simple émoi de la surprise, c’était de la peur, de la peur comme en éprouve seul un coupable.

« Que s’est-il passé en vous, Jack, s’écria-t-elle, pour que j’aie pu vous effrayer à ce point ? Vous ne m’auriez pas ainsi regardée si vous aviez eu la conscience tranquille.

— Je pensais à autre chose ; et quand vous êtes venue à la sourdine, en glissant sur vos pieds de fée…

— Non, c’était plus que cela, Jack. »