Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/229

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— Bah ! répondit Mac Murdo avec un sourire équivoque, ce n’est pas assassiner que de se défendre. Ou lui ou nous. Cet homme nous perdrait s’il restait longtemps dans la vallée, Frère Morris, vous serez un jour notre Maître, car vous aurez sauvé la loge. »

Si Mac Murdo affectait de prendre légèrement l’incident, ses actes ne prouvèrent pas moins combien il en sentait le sérieux. Émoi d’une conscience coupable, sentiment de la puissance que représentait un organisme comme l’agence Pinkerton, ou juste appréciation de l’effort que les grandes Compagnies allaient tenter contre les Écumeurs, quel que fût le mobile auquel il obéit, il se comporta comme un homme qui prévoit le pire. Avant de sortir, il brûla tous les papiers qui pouvaient le compromettre, et quand il les vit en cendres il poussa un soupir de satisfaction. Non pas, pourtant, qu’il fût complètement rassuré, car en se rendant à la loge il s’arrêta devant la maison du vieux Shafter. La maison lui demeurait interdite ; mais il n’eut qu’à taper à la fenêtre pour qu’Ettie apparût au dehors. L’air grave de son amoureux l’impressionna : Mac Murdo n’avait plus dans les yeux une certaine mauvaise flamme irlandaise qu’elle y voyait danser d’ordinaire.

« Il se passe quelque chose, Jack ! s’écria-t-elle. Jack, vous êtes en danger !

— Le danger n’est pas imminent, mon cher