Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/250

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arrière, songez combien de fois il arriva qu’un homme que vous guettiez sur un chemin passât par un autre, ou qu’il fût en ville quand vous alliez le demander chez lui, ou qu’il fût chez lui quand vous le cherchiez en ville : tout cela, c’était mon œuvre.

— Traître ! fit Mac Ginty, les dents serrées, la voix sifflante.

— Oui, oui, John Mac Ginty, affublez-moi des noms que vous voudrez, si ça vous soulage. Vous et vos pareils, vous vous conduisiez ici en ennemis de Dieu et des hommes ; il était temps que quelqu’un s’interposât entre vous et les pauvres diables que vous teniez à la gorge. Mais il n’y avait qu’un moyen d’y réussir, et je l’ai pris. Moi, un traître ? J’imagine que bien des gens me qualifieront de libérateur quand ils sauront que pour les sauver je suis descendu dans l’enfer. J’y ai passé trois mois, et ne voudrais pas avoir à les y passer de nouveau, dût le Trésor de l’État m’ouvrir ses coffres ! J’étais forcé de rester jusqu’au moment où je vous tiendrais tous dans la main, avec tous vos mystères. J’aurais encore attendu un peu si je n’avais appris que mon secret était en danger : une lettre reçue en ville menaçait de vous le faire connaître. Il fallait agir, j’agis vivement. Je n’ai plus rien à vous dire, sauf que, le jour de ma mort, je m’en irai moins à regret en songeant à ce que j’ai fait dans cette vallée. Qu’on me ramasse tout ça, maintenant, et en route ! »