Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/33

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deux fossés qui gardaient la demeure à laquelle il s’était substitué, on avait asséché le plus grand, pour le transformer en jardin potager. L’autre continuait d’enceindre la maison. Il mesurait quarante pieds de large, mais n’avait guère que quelques pieds de profondeur. Un petit ruisseau l’alimentait et le prolongeait, de sorte que l’eau, bien que trouble, n’en était ni croupissante ni malsaine ; les fenêtres du rez-de-chaussée en dominaient d’un pied à peine la surface. On n’accédait au château que par un pont-levis, dont les chaînes et le tambour, rongés par la rouille, étaient longtemps restés hors d’usage ; mais les derniers occupants du manoir, avec une énergie bien caractéristique, avaient tout fait remettre en état, et non seulement le pont-levis pouvait maintenant fonctionner, mais on le remontait chaque soir et on le rebaissait chaque matin. Par cette coutume renouvelée de la féodalité, le manoir s’isolait toutes les nuits dans son île, ce qui allait avoir une portée directe sur les mystérieux événements appelés à retentir bientôt dans toute l’Angleterre.

La maison, inhabitée depuis plusieurs années, menaçait de se délabrer quand les Douglas en prirent possession. La famille ne comprenait que deux personnes : Douglas et sa femme. Douglas était un homme également remarquable au moral et au physique. Âgé d’à peu près cinquante ans, les mâchoires puissantes, les traits rudes, la moustache grisonnante,