Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/74

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rencontrer dans la salle à manger. Elle entra, grande, belle, dans tout l’éclat de ses trente ans, très digne, très calme, tout à fait différente du portrait douloureux que je m’en étais fait. Sans doute elle était pâle, elle avait les traits défaits comme après une cruelle secousse ; mais elle se composait une attitude, et sa main délicate, posée sur le bord de la table, ne tremblait pas plus que la mienne. Elle promenait sur nous un triste regard qui nous consultait l’un après l’autre avec une curiosité mêlée de prière. Enfin l’interrogatoire de ses yeux se formula dans sa voix ! »

« Avez-vous trouvé quelque chose ? » demanda-t-elle.

Rêvais-je ? Il me parut y avoir sous sa question plus de crainte que d’espérance.

« Nous avons pris toutes les mesures possibles, Mrs. Douglas, répondit l’inspecteur. Soyez assurée que nous ne négligeons rien.

— Ne ménagez pas l’argent, fit-elle d’une voix égale, sans timbre. Je désirerais qu’on n’épargnât aucun effort.

— Peut-être auriez-vous à nous fournir quelque renseignement susceptible de nous éclairer ?

— J’en doute ; mais tout ce que je sais est à votre service.

— Mr. Barker nous a dit que vous n’aviez rien vu ; vous n’êtes pas entrée dans la chambre où s’est produit le drame ?