Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/86

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irritant et déconcertant problème : l’austérité de la concentration mentale exagérait l’ardente minceur de ses traits. Enfin il alluma sa pipe, et, bien installé au coin le plus profond de l’âtre, dans cette chambre d’une vieille auberge villageoise, il se mit à parler lentement, tout de go, en homme qui ne s’occupe pas d’enchaîner son discours, mais qui, simplement, pense à voix haute.

« Un mensonge, Watson, un grand, un énorme, un assommant, un insupportable, un irréparable mensonge… voilà ce que nous trouvons au seuil de l’enquête, voilà notre point de départ. Tout le récit de Barker, mensonge. Mensonge la déclaration de Mrs. Douglas, puisqu’elle confirme ce récit. Il y a complicité de mensonge entre l’un et l’autre. Ainsi, le problème se pose clairement : pourquoi mentent-ils ? quelle vérité s’appliquent-ils à cacher ? Tâchons, Watson, de retrouver cette vérité derrière leur mensonge.

« Je sais qu’ils mentent, parce que leur mensonge trop grossier exclut toute possibilité de vérité. Songez qu’à les entendre le meurtrier, après le crime, n’a eu qu’une minute pour enlever au mort son anneau, qui était sous une autre bague, remettre l’autre bague en place, – ce qu’en réalité il n’aurait jamais eu l’idée de faire, – et déposer près du cadavre l’étrange carte de visite ! Cela est manifestement impossible. Vous avez trop de raison pour prétendre que le vol aura peut-être