Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il n’y a eu, pour vous, ni une menace cachée, ni une Vallée de la Peur, ni un maître Je-ne-sais-qui, ni rien de ce genre. C’est la généralisation absolue, qui fait table rase. À quoi nous mène-t-elle ? À ceci. Pour expliquer le crime, ils fabriquent une fable. En abandonnant la bicyclette dans le parc, ils cherchent à prouver une intervention étrangère. La tache de sang imprimée sur la fenêtre, la carte laissée près du cadavre, et qu’ils auront préparée eux-mêmes, tendent à la même démonstration. Autant de faits rentrant dans votre hypothèse. Mais en voici d’autres qui ne s’y ajustent nullement. D’où vient qu’entre mille espèces d’armes ils soient allés choisir un de ces fusils de chasse, amputés du bout, dont on se sert en Amérique ? D’où vient qu’ils fussent si certains de n’attirer personne par le bruit, car c’est le plus pur des hasards si Mrs. Allen n’est pas sortie en entendant battre une porte ? Mrs. Douglas et Barker étant présumés coupables, comment expliquez-vous ces deux points, Watson ?

— Ma foi, je ne les explique pas.

— D’autre part, si une femme et son amant conspirent pour tuer le mari, vont-ils s’accuser eux-mêmes en faisant le geste ostentatoire d’enlever au mort son anneau de mariage ? Jugez-vous cela très probable, Watson ?

— Non, sans contredit…

— Par-dessus le marché, si l’idée vous était venue de cacher et d’abandonner au dehors