Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/92

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une bicyclette, pensez-vous que vous vous y seriez arrêté longtemps ? Non : vous auriez réfléchi que le plus borné des détectives ne se laisserait pas prendre à la frime, une bicyclette étant la première chose dont le criminel aurait eu besoin pour assurer sa fuite.

— J’avoue que je n’explique pas non plus l’incident de la bicyclette.

— Pourtant, il n’est pas une combinaison d’événements qui ne comporte une explication humaine. À titre d’exercice mental, et sans lui faire crédit, laissez-moi vous indiquer un raisonnement possible. Simple imagination, bien entendu ; mais l’imagination n’engendre-t-elle pas souvent la vérité ?

« Donc, imaginons que la vie de Douglas recélât un secret coupable, un secret dont il eût à rougir. Supposons qu’il eût encouru la vengeance d’un homme, d’un étranger. Cet étranger l’assassine, et, pour une raison qui m’échappe, lui enlève son anneau. Avant qu’il réussisse à s’éloigner, Barker et Mrs. Douglas surviennent. Il leur représente que son arrestation n’aura d’autre résultat qu’un affreux scandale. Barker et Mrs. Douglas en conviennent et préfèrent le laisser partir. Pour cela, ils abaissent probablement le pont, qui se manœuvre sans bruit, et le remontent après avoir livré passage à l’homme. Celui-ci a ses raisons de croire qu’il se sauvera plus facilement à pied qu’à bicyclette : il laisse donc sa machine dans un endroit où elle ne sera pas découverte