Réfléchissez, monsieur Tregennis ; n’importe quel indice pourrait m’être utile.
— Je ne me rappelle rien, monsieur.
— Aviez-vous trouvé vos parents dans leur disposition d’esprit habituelle ?
— Dans la meilleure.
— Étaient-ils des gens heureux ? Ne parurent-ils jamais appréhender un danger ?
— Jamais.
— Alors, vous n’avez rien à ajouter pour ma gouverne ?
— Il y a une chose à quoi je pense, dit enfin M. Tregennis. Par la position que j’occupais à table, je tournais le dos à la fenêtre ; mon frère Georges, qui était mon partenaire aux cartes, me faisait vis-à-vis. Une fois, m’apercevant qu’il regardait avec attention par-dessus moi, je me retournai pour regarder aussi. À travers la fenêtre fermée, le store était levé, je distinguai les buissons de la pelouse, et il me sembla un moment que je voyais passer une ombre : homme ou animal ; sans être autrement fixé, je pensai qu’il y avait là quelque chose. Quand je demandai à mon frère ce qu’il regardait, sa réponse me montra qu’il avait eu la même impression que moi. C’est tout ce que je puis dire.
— Et vous n’avez pas fait de recherches ?
— Non. L’incident a passé sans que nous lui prêtions d’importance.
— De sorte qu’à votre départ, vous n’aviez aucun pressentiment d’un malheur ?
— Aucun.
— Je ne vois pas comment, ce matin, vous avez appris si tôt les nouvelles ?
— J’ai coutume de me lever de bonne heure et de