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LA NOUVELLE CHRONIQUE

La situation devenait embarrassante, mais le droit chemin est souvent le meilleur.

— Où est lady Frances Carfax ? demandai-je.

Il écarquilla les yeux. Je continuai :

— Qu’en avez-vous fait ? Pourquoi la poursuivez-vous ? J’exige une réponse.

Poussant un rugissement furieux, il sauta sur moi comme un tigre. Je me suis tiré à mon avantage de plus d’une lutte, mais cet homme avait une poigne de fer et une colère du diable. Il me prit à la gorge. J’allais perdre les sens, quand un ouvrier français, mal rasé, vêtu d’une blouse, armé d’un gourdin, accourut d’un cabaret qui se trouvait en face et, d’un coup si fort que l’avant-bras de mon agresseur craqua, lui fit lâcher prise. L’autre resta un moment sur place, écumant, incertain s’il renouvellerait son attaque ; puis, avec un grognement de rage, me plantant là, il entra dans la petite maison d’où je sortais. Alors, je me tournai pour remercier mon sauveur, arrêté près de moi sur la chaussée.

— Eh bien, Watson, me dit-il, vous en faites de belles ! Je crois qu’il ne vous reste plus qu’à repartir avec moi pour Londres par l’express de nuit !

Une heure plus tard, Sherlock Holmes, ayant repris son costume et ses façons ordinaires, était assis dans une chambre d’hôtel. Sa brusque et opportune apparition s’expliquait le plus simplement du monde : les circonstances ne le retenant plus à Londres, il s’était résolu à venir me relever de ma mission ; il savait où elle ne manquerait pas de me conduire ; installé dans un cabaret, sous les vêtements d’un homme du peuple, il avait guetté ma venue.

— Mon cher Watson, me dit-il, quelle enquête serrée que la vôtre ! Je ne vois pas une bévue que vous ayez