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DE SHERLOCK HOLMES

— Vous me donniez vos instructions pour M. Culverton Smith.

— Ah oui ! je me rappelle. Tâchez de le convaincre, Watson. Nous ne sommes pas, lui et moi, dans de très bons termes. Il avait un jeune neveu. Cet enfant vint à mourir dans de terribles circonstances. Je flairai une vilaine histoire. Culverton Smith m’en a gardé de la rancune. Il s’agit de l’amadouer, Watson. Demandez, priez, usez de tous les moyens pour qu’il vienne. Lui seul peut me sauver, lui seul !

— Je vous l’amènerai dans un cab, dussé-je l’y fourrer de force !

— Ne faites rien de semblable. Décidez-le. Puis revenez avant lui. Invoquez un prétexte quelconque pour ne pas l’attendre. C’est un point que je vous recommande, Watson. Pas d’inadvertance. Évidemment, toutes les créatures ont des ennemis naturels qui limitent leur développement. Nous avons, vous et moi, Watson, joué notre rôle. Le monde sera-t-il envahi par les huîtres ? Non, non, horrible !

Je le quittai emportant l’image d’une magnifique intelligence réduite à des balbutiements enfantins. Il m’avait tendu la clef, que je confisquai avec joie, de crainte qu’il ne s’enfermât dans sa chambre. Mrs. Hudson m’attendait dans le corridor, en pleurs et tremblante. Derrière moi, comme je sortais, j’entendis la voix aiguë et frêle de Holmes qui chantait dans son délire. Je m’arrêtais, en bas, pour héler un cab, lorsque à travers le brouillard un homme s’approcha de moi.

— Comment va M. Holmes, monsieur ? me demanda-t-il.

C’était une de mes vieilles connaissances, l’inspecteur Morton, de Scotland Yard, en tenue bourgeoise.

— Il est au plus mal, répondis-je.