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DE SHERLOCK HOLMES

— Il me semble.

— Du moins, nous pouvons l’admettre à titre d’hypothèse. Supposons donc que, les deux fois, on ait brûlé une substance dont les vapeurs, en se combinant avec l’atmosphère, produisent d’étranges effets toxiques. Dans le premier cas, celui de la famille Tregennis, cette substance avait dû être jetée sur le feu ; la fenêtre était close, mais, naturellement, une partie des fumées s’en allait par la cheminée, et l’on conçoit que les effets du poison furent moindres que dans le second cas, où elles ne trouvaient guère d’issue. Ce qui paraît nous donner raison, c’est que, dans le premier, miss Tregennis, étant sans doute d’une constitution plus délicate, fut seule tuée, alors que ses frères étaient réduits à une démence temporaire ou définitive, ce qui est, évidemment, le premier effet de la drogue. Dans le second cas, le résultat fut complet. Donc, les faits corroborent, à ce qu’il semble, l’hypothèse d’un poison agissant par combustion.

Ainsi raisonnant dans ma tête, j’étais, en bonne logique, conduit à inspecter la chambre de Mortimer Tregennis pour tâcher d’y découvrir un reste de cette substance. Le dessus du fumivore s’imposait donc à l’examen. Effectivement, j’y trouvai des flocons de cendres et, sur les bords, une couronne de poudre brune qui n’avait pas été consumée. J’en pris la moitié, comme vous le savez, et je la mis dans une enveloppe.

— Pourquoi la moitié, Holmes ?

— Ce n’est pas à moi, mon cher Watson, d’entraver l’action de la police officielle ; je laisse à sa disposition les preuves que j’ai découvertes : il restait du poison sur le talc, à elle de l’y remarquer. Maintenant, Watson, nous allons allumer notre lampe ; nous prendrons toutefois, auparavant, la précaution d’ouvrir la fenêtre, afin