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LA NOUVELLE CHRONIQUE

Watson, dit-il ; un observateur impartial déclarerait que nous l’étions déjà avant de nous embarquer dans une expérience aussi extravagante. Je n’aurais pas, je l’avoue, imaginé que les effets du poison dussent avoir cette soudaineté ni cette gravité.

Il se précipita dans la maison, pour en sortir tenant à bout de bras la lampe allumée, qu’il lança au milieu d’un bouquet de ronces.

— Il faut que nous donnions à la chambre le temps de s’assainir. J’espère, Watson, que vous n’avez plus l’ombre d’un doute sur la façon dont se sont produits les deux drames.

— Plus l’ombre.

— Mais la cause déterminante en reste toujours obscure. Venez donc par ici, sous la tonnelle, et reprenons notre raisonnement. J’ai encore l’impression que cette infâme drogue me tient à la gorge. Nous sommes, je crois, forcés d’admettre que, selon toute apparence, Mortimer Tregennis aura été l’auteur, et l’auteur criminel, du premier drame, bien qu’il ait joué le rôle de victime dans le second. Souvenons-nous d’abord qu’il y eut chez les Tregennis une querelle de famille, suivie d’une réconciliation. Quelle fut l’aigreur de cette querelle et jusqu’à quel point la réconciliation fut sincère, c’est ce que nous ne saurions dire. Quand je me représente M. Mortimer Tregennis, avec son museau de renard, ses petits yeux rusés, mais brillants derrière ses lunettes, je me dis qu’il ne devait pas avoir le pardon très facile. D’autre part, cette idée d’une ombre qu’on aurait vu bouger dans le jardin et qui a détourné notre attention de la vraie cause du drame, vous remarquerez que c’est de lui qu’elle venait ; il avait ses motifs de vouloir nous égarer. Enfin, qui donc aura jeté dans le feu cette substance meurtrière, si ce n’est lui au moment de quitter