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LA NOUVELLE CHRONIQUE

immédiats, peut encore avoir plus d’importance : c’est une Anglaise d’une quarantaine d’années, miss Burnet, qu’Henderson a donnée pour gouvernante à ses deux filles âgées de onze et treize ans. Enfin, je compterai comme faisant partie de la famille un domestique de confiance qui voyage toujours avec elle ; car Henderson est grand voyageur et se déplace à tout bout de champ. Il y a seulement quelques semaines qu’après une absence d’un an il est revenu à High Gable. Sa fortune lui permet de se passer tous ses caprices.

« Quant au reste, la maison regorge de sommeliers, de valets de pied, de femmes de chambre, de tout ce qui constitue le personnel surnourri et sous-occupé d’une grande maison de campagne anglaise.

« Ce que je viens de vous dire, je l’ai su par les cancans du village, ou pour m’en être personnellement assuré. Il n’y a pas de meilleur agent d’information qu’un domestique congédié, quand il a son congé sur le cœur ; et j’ai eu la chance d’en trouver un. Naturellement, cette chance n’a rien eu d’un hasard, j’ai pris la peine d’aller au-devant d’elle. Selon le mot de Baynes, nous avons tous notre système : mon système, à moi, m’a fait découvrir John Warner, l’ancien jardinier de High Gable, chassé dans un moment de colère par son tyrannique patron. Il a gardé des intelligences parmi les autres domestiques, unis dans la crainte et l’antipathie que leur inspire Henderson. Ainsi la maison m’a livré la clef de ses mystères.

« Curieuses gens que ces gens-là, Watson ! je ne saurais trop le répéter, sans me flatter de tout comprendre encore. High Gable est un bâtiment à deux ailes : les domestiques vivent d’un côté, la famille de l’autre. Il n’y a, comme trait d’union entre le personnel et les maîtres, que le valet de chambre d’Hen-