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DE SHERLOCK HOLMES

derson, qui sert les repas de la famille ; on lui remet tout à une certaine porte, qui est la seule voie de communication. La gouvernante et les deux filles ne sortent guère que pour aller au jardin. Jamais Henderson ne se promène seul, son noir secrétaire ne le quitte pas plus que son ombre. C’est l’opinion des domestiques, et ils ne s’en cachent pas, que leur maître a terriblement peur de quelque chose. « Il a vendu son âme au diable pour de l’argent », dit Warner, « il redoute que le créancier ne réclame son dû. » Qui sont ces individus ? D’où viennent-ils ? Tout le monde l’ignore. Ils sont très violents de caractère. Par deux fois, Henderson s’est laissé aller à des coups de cravache ; il n’a pas fallu moins que le poids de sa bourse et de larges compensations pour le sauver de la justice.

« Et maintenant, Watson, examinons la situation à la lumière de nos renseignements. Nous admettrons que le billet remis à Garcia venait d’une personne de la maison, qui l’invitait à mettre à exécution un attentat préalablement concerté. Mais entre toutes les personnes de la maison, qui donc avait pu l’écrire ? Une femme, nous le savons ; et quelle femme, sinon miss Burnet, la gouvernante ? Tous nos renseignements semblent s’accorder sur ce point. Du moins, nous pouvons l’accepter comme une hypothèse et voir les conséquences qui en découlent. J’ajoute que l’âge et le caractère de miss Burnet excluent ma première idée d’une intrigue d’amour.

« Si elle a écrit le billet, c’est probablement qu’elle était l’amie et la complice de Garcia. Que devait-elle faire, en bonne logique, à la nouvelle de sa mort ? En supposant qu’il eût trouvé cette mort dans une entreprise coupable, elle devait se taire, en gardant, au fond