Page:Doyle - Le Ciel empoisonné.djvu/81

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le souvenir d’une grande récolte. »

Et soulevant sa masse du bureau sur lequel il siégeait en prononçant l’arrêt de la planète :

« Venez, conclut Challenger. S’il ne nous reste que peu de temps, raison de plus pour nous offrir un plaisir honnête. »

Le déjeuner fut des plus gais. Certes, nous n’arrivions pas à oublier le tragique de notre situation. La pensée en restait présente au fond de nos esprits et leur communiquait de sa gravité. Mais, pour se laisser intimider par l’approche de la mort, il faut une âme qui ne l’ait jamais regardée en face. Tous les quatre, à une grande époque de notre existence, nous avions vécu dans sa familiarité ; et quant à Mrs. Challenger, elle s’en remettait à la forte direction de son mari, heureuse de suivre le même chemin que lui, où qu’il dût la conduire. L’avenir appartenait au destin. Nous disposions du présent.