Page:Doyle - Le Ciel empoisonné.djvu/82

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Nous le passâmes à nous divertir, bruyamment mais aimablement, en camarades. Nous avions, je l’ai dit, le cerveau étonnamment lucide. Parfois même, je lançais des étincelles. Challenger, lui, était prodigieux. Jamais je n’ai connu si bien la valeur constitutive de cet homme, la puissance et la portée de son intelligence. Summerlee le lardait à tout propos de critiques aigres-douces ; lord John et moi riions de les voir aux prises ; et Mrs. Challenger, en tirant son philosophe par la manche, s’appliquait à en modérer les éclats. La vie, la mort, la destinée de l’homme, c’étaient les objets stupéfiants de notre conversation à cette heure suprême où de curieuses et subites exaltations du cerveau, accompagnées de picotements dans les membres, m’annonçaient que lentement, doucement, l’invisible marée de mort montait autour de nous. Une fois, lord John porta tout d’un coup la main à ses yeux. Une autre fois,