Page:Doyle - Les Aventures de Sherlock Holmes.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je regrette de vous avoir fait attendre, dis-je, en m’asseyant. Vous venez de faire un voyage de nuit, occupation plutôt monotone, n’est-ce pas ?

— Oh ! je ne peux pourtant pas dire que ma nuit ait été monotone, répondit-il, en riant d’un rire nerveux qui le convulsait tout entier.

Voulant arrêter une crise que je voyais venir :

— Doucement ! criai-je. Calmez-vous ! et je lui préparai un verre d’eau.

Mais tout fut inutile. Je ne pus enrayer une violente attaque de nerfs, une de ces attaques que les natures les plus énergiques peuvent subir après une grande émotion. Enfin il se calma, mais resta épuisé et un peu honteux.

— Excusez-moi, dit-il, haletant.

— Pas du tout. Buvez !

Je mis quelques gouttes de cognac dans de l’eau et je vis aussitôt revenir un peu de couleur à ses joues exsangues.

— Ça va mieux ! dit-il. Et maintenant, docteur, voulez-vous avoir la bonté de soigner mon pouce ou plutôt l’endroit où était mon pouce.

J’enlevai le mouchoir, je découvris sa main, et à la vue de la plaie je tressaillis malgré le sang-froid qu’une longue pratique m’a donné. Il ne restait que quatre doigts, et à la place du pouce il y avait une surface rouge et spongieuse, horrible