Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/100

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ajouté à son nom de Françoise d’Aubigné le titre de marquise de Maintenon, avec la pension et le fief que lui avait accordés la faveur royale. C’est là que, chaque jour, le roi venait passer quelques heures, trouvant dans la conversation d’une femme intelligente et vertueuse un charme et un plaisir qu’aucun des beaux esprits de sa cour n’avait été capable de lui procurer ; c’est là qu’il fallait chercher la source d’où coulait le courant d’idées et de tendances si soigneusement étudié et si attentivement suivi par tous ceux qui voulaient se maintenir en faveur auprès du roi. Elle était bien simple, la politique de la cour. Si le roi s’adonnait à la dévotion, chacun prenait son missel et son rosaire. S’il se tournait vers la débauche, il fallait se montrer plus débauché que lui. Mais malheur à l’homme qui se laissait aller à la débauche quand il aurait dû se confesser et prier, ou qui montrait un visage triste lorsque celui du roi était riant.

Le jeune mousquetaire avait à peine échangé quelques paroles avec cette puissante dame, car elle se plaisait à s’isoler, et n’apparaissait guère à la cour qu’aux heures des dévotions. Ce fut donc avec un sentiment d’inquiétude et de curiosité mêlées, qu’il suivit la confidente dans le labyrinthe de corridors et de galeries où l’art et la richesse avaient été prodigués d’une main si libérale. La jeune fille s’arrêta devant la porte de la chambre et se tourna vers son compagnon.

— Madame désire vous parler au sujet de ce