Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/138

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dans l’avenir, la mienne est dans le passé. Adieu, Sire, adieu !

Elle jeta ses bras devant elle, ses yeux se remplirent de larmes, elle chancela et elle allait tomber si Louis ne s’était précipité et ne l’avait reçue dans ses bras. Sa belle tête retomba sur l’épaule du roi, qui sentit sur sa joue son souffle chaud, et dans ses narines l’odeur subtile de ses cheveux.

Puis soudain, ses paupières battirent rapidement, ses grands yeux bleus se fixèrent langoureusement sur lui, suppliants, passionnés, avec une expression à la fois de prière et de défi. Fit-il un mouvement, ou si ce fut elle ? Qui pourrait le dire ? Mais leurs lèvres se rencontrèrent dans un long baiser, puis dans un autre, et les projets et les résolutions de Louis s’envolèrent comme les feuilles d’automne dans un vent d’ouest.

— Alors je ne partirai pas ? Vous n’auriez pas le cœur de me renvoyer, n’est-ce pas ?

— Non, non. Mais vous ne devriez pas m’irriter, Françoise.

— J’aimerais mieux mourir que de vous causer une minute de peine. Oh ! Sire, je vous ai si peu vu en ces derniers temps ! Et je vous aime tant ! Cela m’a rendu folle. Et puis cette terrible femme…

— Qui donc ?

— Oh ! je ne veux pas dire de mal d’elle. Pour vous, je veux être polie, même envers elle, envers la veuve du vieux Scarron.