Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/145

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— Aimer n’est pas une honte, ma fille. La honte est de céder à l’amour. Je le répète, vous aimez le roi.

— Du moins je ne le lui ai jamais dit.

— Et ne le lui direz-vous jamais ?

— Que le Ciel flétrisse ma langue auparavant !

— Mais réfléchissez, ma fille. Un tel amour dans une âme comme la vôtre est un présent que Dieu vous a fait en vue de quelque sage dessein. Si le roi rencontrait seulement quelque tendresse chez vous, s’il découvrait quelque signe lui montrant que son affection a trouvé un écho dans votre cœur, il se pourrait que votre ambition se réalisât et que Louis, influencé et affermi par votre noble nature, vécût dans l’esprit aussi bien que dans les pratiques de la sainte Église. Tout cela pourrait jaillir de cet amour que vous tenez caché comme s’il portait les stigmates de la honte.

Mme  de Maintenon se leva à demi, regardant tour à tour le prélat et le prêtre avec des yeux exprimant une secrète horreur.

— Je me demande si je vous ai bien compris, dit-elle. Il n’est pas possible que vous me conseilliez de…

Le Jésuite s’était levé, et il la dominait de sa haute taille.

— Ma fille, nous ne conseillons rien qui soit indigne de notre ministère. Nous parlons dans l’intérêt de la sainte Église, et cet intérêt demande que vous épousiez le roi.

— Épouser le roi, bégaya Mme  de Maintenon qui