Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/152

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avança sa main avec un geste de sympathie et la posa un instant sur la manche de velours. Le roi saisit cette main et elle ne fit aucun effort pour la dégager.

— Je ne puis pas vivre sans vous, Françoise, s’écria-t-il. Je suis l’homme le plus seul au monde, je suis comme quelqu’un qui vivrait sur le sommet d’une haute montagne solitaire. Qui ai-je pour ami ? Sur qui puis-je compter ? Les uns recherchent l’intérêt de l’Église, les autres celui de leur famille, le plus grand nombre ne se préoccupent que de leur propre intérêt. Mais il n’en est pas un de désintéressé. Vous seule m’aimez vraiment, Françoise, vous êtes mon ange gardien. Le bon père dit vrai et plus je suis près de vous, plus je suis éloigné de tout ce qui est mal. Dites-moi, Françoise, m’aimez-vous ?

— Je vous aime depuis de longues années, Sire.

Elle dit cela d’une voix basse, mais claire — comme une femme qui a horreur de la coquetterie.

— Je l’avais espéré, Françoise, et pourtant j’éprouve une joie immense à vous l’entendre dire. Je sais que la richesse et les honneurs n’ont pas d’attraits pour vous, et que votre cœur penche plus vers un couvent que vers un palais. Cependant, je vous demande de rester dans le palais et d’y régner. Voulez-vous être ma femme, Françoise ?

Ainsi l’heure était donc venue. Elle resta un instant sans répondre, un seul instant avant de pren-