Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/157

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fait. Ma première femme était une princesse d’Angleterre. Comment pouvons-nous admettre dans une maison qui a formé de belles alliances, la veuve d’un méchant écrivailleur bossu, d’un auteur de pasquinades dont le nom est la risée de toute l’Europe ?

Le roi était resté stupéfait au premier moment, mais sa colère éclata tout d’un coup.

— Ma parole ! s’écria-t-il, ma parole ! je disais tout à l’heure que vous aviez été un excellent frère, mais je crains bien de m’être trop hâté de parler. Ainsi vous prenez sur vous-même de ne pas être satisfait de mon choix.

— Oui, Sire.

— Et de quel droit ?

— Du droit que j’ai de veiller à l’honneur de notre famille, lequel m’appartient autant qu’à vous.

— Eh quoi, cria le roi en fureur, n’avez-vous pas encore appris que je suis dans ce royaume la source de l’honneur et que quiconque il me plaît d’honorer, devient par ce fait même honorable ? Si je jugeais à propos de prendre une chiffonnière de la rue Poissonnière et de l’élever jusqu’à moi, les plus hauts personnages de France seraient heureux et fiers de s’incliner devant elle. Ne savez-vous pas cela ?

— Non, je ne le sais pas, s’écria son frère avec tout l’entêtement d’un homme faible et timide que l’on pousse à bout. C’est un manque d’égards envers moi-même et envers ma femme.