Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/204

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— Que voulez-vous dire ?

Pour toute réponse l’Américain se tortilla une seconde et leva ses deux mains libres devant les yeux de son camarade étonné.

— Mais c’est la première chose que l’on apprend aux gamins dans un wigwam indien. Je me suis déjà débarrassé de plus d’une lanière de Huron en peau fraîche, et il n’est pas probable qu’une courroie d’étrier à moitié usée soit capable de me retenir. Ôtez vos mains de là-dedans. En quelques adroites secousses il relâcha les liens de Catinat qui put dégager ses mains… Vos pieds maintenant… Ils verront qu’il est plus facile de nous prendre que de nous garder.

Mais à ce moment la voiture commençait à ralentir sa vitesse, et le bruit des pas des chevaux qui les précédaient avait cessé tout d’un coup. Jetant un coup d’œil à travers les portières, les prisonniers virent une énorme construction toute noire qui se dressait devant eux, si haute et si large que la nuit l’enveloppait de toutes parts. Ils étaient arrêtés en face d’un grand portail, et les lanternes de la voiture jetaient leur lueur sur une énorme porte en bois munie de lourds verrous. Dans la partie supérieure de la porte était une petite ouverture carrée grillagée de fer, et par cette ouverture ils ne tardèrent pas à apercevoir d’abord la lumière diffuse d’un falot, puis une face barbue qui cherchait à distinguer les objets du dehors. Vivonne, se haussant sur ses étriers, avança la tête vers le grillage, mais les prison-