Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/207

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visible dans la lumière diffuse que laissait pénétrer l’unique fenêtre.

Mais son énergique camarade ne s’était pas laissé aller à l’abattement. Dès que la porte se fut refermée il se débarrassa de ses liens et se mit à explorer les murs et le plancher pour se rendre compte de la physionomie des lieux. Son examen se termina par la découverte d’une petite cheminée dans un coin, et de deux grossières billes de bois, qui semblaient avoir été mises là pour servir d’oreillers aux prisonniers. S’étant assuré que la cheminée était trop étroite pour y passer même la tête, il poussa les deux morceaux de bois vers la fenêtre, et les posant l’un sur l’autre, il put atteindre les barreaux qui la garnissaient. Il plaça un de ses pieds sur une aspérité du mur et put se hisser assez haut pour plonger dans la cour qu’ils venaient de quitter. Il vit la voiture de Vivonne qui ressortait par le portail et il entendit le bruit des pas des cavaliers qui s’éloignaient. L’intendant et ses acolytes avaient disparu, les torches aussi étaient éteintes, et sauf le pas mesuré de deux sentinelles à vingt pieds au-dessous de lui, tout était redevenu silencieux dans le grand château.

Malgré la posture incommode où il était, tous les muscles de ses bras tendus, ses yeux parcouraient avec étonnement et admiration la longue ligne de murs crénelés, hérissée de tourelles et de refuges qui se dressaient froids et silencieux sous le clair de lune.