Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/24

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les traits exprimaient la bonté, le Père La Chaise, expliquait ses idées sur le jansénisme au majestueux Bossuet, l’éloquent évêque de Meaux, et au grand et mince abbé de Fénelon qui l’écoutait en fronçant les sourcils, car il était soupçonné de pencher vers cette hérésie. Il y avait là aussi le peintre Le Brun discutant sur l’art, au milieu d’un petit cercle composé de ses collaborateurs Verco, Laguerre, les architectes Blondel et Le Nôtre, les sculpteurs Girardon, Puget, Desjardins et Coysevox, dont les œuvres avaient contribué pour une si grande part à embellir le nouveau palais du roi. Près de la porte, Racine s’entretenait avec le poète Boileau et l’architecte Mansard ; ils riaient et plaisantaient sans contrainte, avec cette liberté que pouvaient se permettre ces trois sujets du roi, les seuls qui fussent autorisés à entrer dans la chambre royale sans être annoncés.

— Qu’a-t-il donc ce matin ? demanda Boileau à mi-voix avec un signe de tête dans la direction du groupe royal. Je crois que le sommeil ne lui a pas adouci l’humeur.

— Il devient de plus en plus difficile à amuser, dit Racine en secouant la tête. Il faut que je sois chez Mme de Maintenon à trois heures pour voir s’il ne serait pas possible de faire quelques changements dans une scène ou deux de Phèdre.

— Mon ami, dit l’architecte, ne croyez-vous pas que Madame elle-même soit plus capable de l’amuser que votre Phèdre ? Madame est une femme