Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/27

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— Quand ?

— Ce matin même.

— De qui le tenez-vous ?

— De Catinat, le capitaine de la garde. Il a reçu l’ordre de l’empêcher d’entrer.

— Ah ! alors le roi a de mauvaises intentions. C’est pourquoi son front est si noir ce matin. Vive Dieu ! si la marquise est vraiment la femme de caractère que l’on dit, il pourrait s’apercevoir qu’il lui aura été plus facile de la prendre que de la quitter.

— Oui ; les Mortemart ne sont pas une race aisée à manier.

— Fasse le Ciel qu’il s’en tire à son honneur !

— Mais quel est ce gentilhomme ? Il a une figure plus rébarbative que celles auxquelles la cour est habituée. Ah ! le roi l’a aperçu et Louvois lui fait signe d’avancer. Par ma foi, il me paraît qu’il serait plus à l’aise sous une tente que sous un plafond décoré.

L’étranger qui avait attiré l’attention de Racine était un petit homme maigre, avez un grand nez aquilin, des yeux gris, durs et sévères qui brillaient sous deux sourcils en broussailles ; son aspect général qui décelait l’âge, les soucis et une longue habitude des intempéries, le faisait paraître au milieu des figures fraîches des courtisans comme un faucon dans une cage d’oiseaux à gai plumage. Il était vêtu de l’habit noir qui était devenu de mode à la cour depuis que le roi avait renoncé aux frivolités et congédié Fontanges, mais