Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

montrer une rangée de crocs noircis par le tabac, et, sans se lever, il avança une grande main rouge, de la taille et de la forme d’une pelle de moyenne dimension.

— Eh ! capitaine Éphraïm, cria Amos en anglais, qui aurait jamais pensé vous trouver ici ? Catinat, voici mon vieil ami, le capitaine Éphraïm qui m’a conduit en France.

— L’ancre est mouillée à pic, garçon, et les panneaux fermés partout, dit l’étranger de cette voix traînante que les habitants de la nouvelle Angleterre avaient héritée de leurs ancêtres, les puritains anglais.

— Et quand mettez-vous à la voile ?

— Aussitôt que vous aurez mis le pied sur le pont, si la Providence nous envoie vent et marée. Et vous, Amos, comment cela va-t-il ?

— Très bien. J’ai beaucoup de choses à vous raconter…

Tandis que les deux hommes continuaient leur conversation en anglais, Catinat racontait brièvement aux siens tout ce qui s’était passé, son renvoi du service du roi, et l’injuste arrêt promulgué contre tous les huguenots de France. Adèle, avec cet instinct angélique de la femme, ne se préoccupait que de son fiancé et des malheurs qui l’atteignaient. Mais le vieux marchand chancela quand il apprit la révocation de l’édit, et il resta tout tremblant, regardant autour de lui avec des yeux égarés.

— Que vais-je devenir ? s’écria-t-il. Que vais-je