Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

porte quel navire dans les eaux françaises, mais une galère nous aurait bientôt rejoints.

Catinat, bien qu’il parlât peu l’anglais, avait cependant appris en Amérique à le comprendre suffisamment.

— Je crains que nous ne causions des ennuis à ce brave capitaine, dit-il, et que la perte de son navire et de sa cargaison ne soit sa récompense de nous avoir accueillis si amicalement. Demandez-lui s’il n’aime pas mieux nous débarquer sur la rive droite, là-bas, au nord. Avec notre argent, nous pourrions gagner les Pays-Bas.

Éphraïm Savage regarda son passager avec des yeux empreints de pitié :

— Jeune homme, dit-il, je vois que vous comprenez ce que je dis. Vous saurez que, quand je me suis mis en tête de faire une chose, je la fais. Tous ceux qui ont navigué avec moi vous le diront. J’assure ma barre, et je tiens le cap droit sur ma route aussi longtemps que Dieu veut bien me laisser faire. Vous comprenez ? Nous arrivons par le travers de cette ville, et, dans dix minutes, nous saurons si nous avons quelque chose à craindre.

Cependant, des lambeaux de nuages couraient rapidement dans le ciel bleu, et le capitaine les suivait maintenant des yeux, de l’air d’un homme qui cherche mentalement la solution d’un problème. Ils se trouvaient en face de Honfleur, à environ un mille de la côte. Plusieurs schooners et quelques bricks étaient à l’ancre dans le port,