Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/290

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canot dansant sur la crête des vagues ; mais il disparut peu à peu, et avec lui se perdit le dernier maillon de la chaîne qui les reliait au monde qu’ils laissaient derrière eux.

Cependant, l’homme accoté contre le mât avait remué les paupières et ouvert les yeux.

Le vieux Catinat avança vivement et, s’agenouillant, il appuya la tête du naufragé sur son bras.

— C’est un des fidèles ! s’écria-t-il, c’est un de nos pasteurs. Le Seigneur envoie sa bénédiction sur notre voyage.

Mais l’homme sourit doucement et secoua la tête :

— Je crains bien de ne pas faire ce voyage avec vous, car le Seigneur m’appelle pour un voyage plus lointain. Je suis, en effet, le pasteur du temple d’Isigny, et quand j’ai appris l’ordre du méchant roi, je me suis embarqué avec deux des fidèles, espérant atteindre l’Angleterre. Mais le premier jour une vague a emporté une de nos rames et tout ce qui était dans la barque : notre pain, notre baril d’eau ; et nous restâmes sans autre espoir qu’en Lui. Et alors, il nous appela à Lui l’un après l’autre : d’abord l’enfant, puis la femme et puis l’homme, et je restai seul, mais je sens que mes heures sont comptées. Et puisque vous êtes aussi des fidèles, ne puis-je vous être utile avant que je parte ?

Le marchand secoua la tête et, soudain, une