Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/333

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et bientôt, grâce aux bons soins dont il fut l’objet, il devint le marin le plus adroit et le plus fort du navire. Il était originaire de Marblehead dans la Nouvelle-Angleterre et se dit être le seul survivant d’un shooner qui avait été coulé bas par l’impitoyable Sharkey.

Pendant une semaine, Hirain Evenson — tel était son nom – avait erré à la dérive sous le soleil des tropiques. Sharkey, dit-il, lui avait fait jeter dans son canot les restes mutilés de son capitaine « comme provisions de route » pour son matelot : celui-ci les avait aussitôt lancés à la mer craignant qu’à un moment donné la tentation ne devînt trop forte. Il n’avait depuis lors pris aucune nourriture jusqu’au moment où l’Étoile-du-Matin l’avait recueilli en proie à cette folie qui est le précurseur de la mort. C’était une bonne recrue pour le capitaine Scanow, car, avec un équipage quelque peu réduit, un matelot tel que cet indigène de la Nouvelle-Angleterre était d’un prix incomparable, et il affirma même qu’il était sans doute la seule personne au monde à avoir des obligations au capitaine Sharkey.

Maintenant qu’il se trouvait protégé par les canons de la citadelle de Basse-Terre,