Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/344

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assez stupides pour paraître émotionnés quand il les avait regardés bien en face. C’est heureux pour eux qu’il soit mort, car c’était un homme qui n’oublie jamais une injure. Si jamais quelqu’un d’entre eux était venu à tomber entre ses mains, il n’eût pas manqué de le faire empailler et de le placer comme poupée à l’étrave de son navire.

Cette idée sembla fort amuser le gouverneur, car tout à coup il partit d’un éclat de rire bruyant ressemblant au hennissement d’un cheval. Les deux marins se mirent à rire aussi, mais avec moins d’entrain, car ils se rappelèrent que Sharkey n’était pas le dernier des pirates qui écumaient les mers de l’Ouest et qu’une destinée aussi funèbre serait peut-être la leur. Le capitaine fit apporter une autre bouteille pour boire à la réussite de la traversée, et le gouverneur en fit immédiatement venir une nouvelle, de telle sorte qu’au bout de peu de temps les deux marins pouvaient, à leur grande satisfaction, tout en trébuchant quelque peu, s’en aller l’un à son quart, l’autre à son hamac. Lorsque quatre heures après, le second ayant terminé son quart descendit au carré, il resta ébahi, en apercevant le gouverneur toujours coiffé de sa