Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/37

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— Je ne me souviens pas de vous en avoir prié, monsieur.

— Oh ! ne faites pas une si jolie moue, mademoiselle Nanon, dit le capitaine. Mais qu’avez-vous donc là ?

— Un billet de Mme de Maintenon pour le roi. Vous le lui remettrez, n’est-ce pas ?

— Certainement, mademoiselle. Et comment se porte madame ?

— Oh ! son directeur a passé deux heures avec elle ce matin ; il parle très bien, il dit de très bonnes choses, mais il est bien ennuyeux. Nous ne sommes pas très gaies quand M. Godet est là. Mais j’oublie que vous êtes huguenot, monsieur, et que vous n’entendez rien à ces questions.

— Oh ! leurs discussions ne m’intéressent guère. Je laisse à la Sorbonne et à Genève le soin de régler cela. Mais, vous le savez, un homme ne doit pas abandonner la religion de sa famille.

— Ah ! si madame pouvait s’entretenir un peu avec vous, elle vous convertirait !

— J’aimerais mieux m’entretenir avec mademoiselle Nanon, mais si…

— Oh ! capitaine ! et avec une exclamation et un froufrou de jupons, la soubrette disparut dans un couloir de côté.

Le long de la galerie inondée de lumière s’avançait une belle dame, grande, gracieuse, à l’air digne et hautain. Elle portait un riche corsage de