Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/406

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cris incohérents, et, pour la première fois, Sharkey frémissait en apercevant s’ouvrir devant lui cette bouche vide, dont il avait arraché la langue. Il comprit qu’elle était le modèle de cette vengeance lente et patiente qui le guettait depuis si longtemps, et arrivait enfin à le saisir.

Les deux vainqueurs avaient, à l’avance, combiné tous leurs plans et ils avaient été bien mûris et savamment compliqués.

Tout d’abord, ils enfoncèrent les couvercles des deux barils de poudre et renversèrent le contenu sur la table et par terre. Ils en répandirent tout autour et au-dessous des trois hommes ivres jusqu’à ce que chacun d’eux se trouvât sur un véritable lit de poudre. Ils portèrent ensuite Sharkey jusqu’au canon et l’attachèrent au sabord, le corps à environ un pied de la gueule. Il avait beau essayé de se débattre, il lui était impossible de se déplacer d’un centimètre à droite ou à gauche, car le muet l’avait ligoté avec toute l’habileté du marin consommé, de telle manière qu’il ne lui restât aucune chance d’arriver à pouvoir s’échapper.

— Maintenant, démon que vous êtes ! dit Copley Banks, avec le plus grand calme, vous allez m’écouter, car ce sont les der-