Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/47

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ministre ou aucune maîtresse. Il s’était imaginé au début que sa piété et son étalage de bons principes n’étaient qu’un simple masque, car il n’avait jamais trouvé que de l’hypocrisie autour de lui. Il ne pouvait croire qu’une femme encore belle, avec des yeux aussi brillants et un visage dont la grâce rivalisait avec tout ce qu’il y avait de plus beau à sa cour, gardât l’esprit d’une nonne, après une vie passée dans la société la plus frivole et la plus gaie. Mais il ne tarda pas à s’apercevoir qu’il s’était trompé : quand il avait voulu parler un langage plus tendre que celui de l’amitié, il avait rencontré des manières glaciales et des paroles brèves qui lui avaient prouvé que cette femme mettait le respect d’elle-même au-dessus du désir de lui plaire. Peut-être aussi était-ce un bien. Les calmes plaisirs de l’amitié lui étaient un adoucissement après les violents orages de la passion. Les instants les plus heureux pour lui étaient ceux qu’il passait chez elle, chaque après-midi, à écouter une conversation où la flatterie n’avait aucune part, à entendre des opinions émises sans autre préoccupation de ce qui pouvait ou non lui être agréable. Et quelle influence salutaire elle exerçait sur lui ! Elle parlait des devoirs d’un roi, des exemples qu’il devait à ses sujets, de la préparation à la vie future, de la nécessité d’un effort de sa part pour briser les liens qu’il avait formés. Elle était un bon confesseur – un confesseur avec un visage charmant et un bras parfait.