Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/64

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voir le monde qu’à travers les lunettes qu’on lui présente. Vous n’avez rien à espérer de lui.

— Il a refusé dédaigneusement de m’écouter.

— Vous a-t-il demandé votre nom ?

— Oui, et je le lui ai donné.

— Je vois ce que c’est, dit Amaury. Par ma foi, si mes parents en sont venus à s’adresser au roi pour obtenir justice, il se pourrait bien que, avant longtemps, ma compagnie fût privée de son capitaine.

— Le roi ne nous voit pas du même œil vous et moi. Mais en vérité, Amaury, je me demande comment vous pouvez vivre dans cette maison de Baal, sans vous prosterner devant les faux dieux.

— Je garde ma foi dans mon cœur.

Le vieillard exprima ses doutes d’un mouvement de tête.

— Vous suivez un sentier très étroit, avec la tentation et le danger sous vos pieds, dit-il. Il vous est difficile, Amaury, de marcher avec le Seigneur, et de tenir compagnie aux persécuteurs de son peuple.

— Allons, oncle, dit le jeune homme avec un mouvement d’impatience, je suis soldat du roi, et je laisse la casaque noire et le surplis blanc arranger ces choses. Pourvu que je vive dans l’honneur, et que je meure à mon poste de service, je me contente d’ignorer le reste.

— Vous vous contentez de vivre dans des palais, de manger dans de la vaisselle d’argent et de porter du beau linge, dit le huguenot avec